Il n'y a pas réellement besoin d'une telle immigration
Résumé
Citations
« Faut-il faire venir plus de jeunes travailleurs pour payer les retraites des baby-boomeurs ? Selon la démographe de l’Ined, Michèle Tribalat, l’amélioration du taux d’emploi des jeunes et des seniors et une ambitieuse politique nataliste seraient autrement plus efficaces pour limiter les effets du déclin de la population française.
Marianne : L’Europe vieillit. L’immigration est-elle, selon vous, la solution aux conséquences négatives de ce vieillissement?
Michèle Tribalat : Le vieillissement tient à trois causes : les baby-boomeurs ont pris de l’âge, certains pays européens connaissent une fécondité très basse et l’espérance de vie augmente. Afin de renflouer le milieu de la pyramide des âges, on peut envisager l’arrivée d’immigrants. Mais ces derniers vieillissent aussi. S’il s’agit d’équilibrer les finances publiques, il ne faut pas attendre de l’immigration un effet miraculeux.[…]
Pour la France, dont la natalité est supérieure à la moyenne européenne, quelle est l’utilité de l’immigration d’un point de vue démographique ?
M.T. : Le recours à une immigration massive en France éviterait, dit-on, un recul de la population. Or, ce recul n’est pas nécessairement une catastrophe. Quand le vieillissement est lié à une natalité insuffisante, comme en Allemagne, il est inquiétant. Dans le cadre d’une natalité relativement dynamique comme celle de la France, la disparition des baby-boomeurs « arrivés à échéance » aurait plutôt un effet positif.
Cela dit, l’immigration peut-elle effectivement aider à financer les retraites des personnes âgées, en nombre croissant ?
M.T. : Tout dépend des taux d’emploi. Si les taux d’emploi demeurent en France à un niveau relativement faible, notamment en début et en fin de vie active, l’immigration aura un faible impact sur le rapport de soutien réel […] »