Il faut distinguer les patrons et les actionnaires
Résumé
Citations
« « Il faut des patrons », me répond-on en général. Encore faut-il s’entendre sur le mot « patron ». Il y a le patron boulanger, le petit restaurateur ou le garagiste qui travaille lui-même, fait les comptes, s’attache une clientèle, coordonne et organise le travail de ses employés. Mais, pour une usine de Sanofi, de Renault ou de Michelin, ou pour la BNP, AXA ou Amazon, de qui parle-t-on quand on dit patron ? Des propriétaires, c’est-à-dire des actionnaires, qui sont interchangeables et se contentent d’empocher les dividendes, parfois sans savoir ce qui est produit dans l’entreprise en question ? Du PDG, qui gère l’entreprise au service de ces actionnaires et qui a lui-même une armada de directeurs, de chefs et de sous-chefs à son service ? Le mot patron sème la confusion, entre d’une part le travail utile d’organisation et de gestion accompli par des milliers de salariés dans les grandes entreprises, et d’autre part les vrais propriétaires, qui n’ont aucun rôle dans le processus de fabrication et ne sont que des parasites. On a besoin des premiers, on peut se passer des seconds. »
« Il est évident que toutes les tâches collectives et complexes nécessitent de la coordination et de l’organisation. Dans les plus grandes entreprises, ces tâches sont d’ailleurs remplies par des cadres qui vivent de leur salaire. Avec eux, les ouvriers et les employés sont parfaitement capables de faire tourner les entreprises. Souvent, ils n’ont même pas besoin de toute cette hiérarchie de managers qui s’emploient essentiellement à faire des comptes d’apothicaires et à surveiller les ouvriers qui mettent les mains dans le cambouis. Pendant la pandémie, combien d’entreprises ont tourné en l’absence des directions qui étaient en télétravail ? »