Il censure les sources d'information qui ne diffusent pas sa propagande
Résumé
Citations
« Les autorités ont utilisé les lois sur les « agents de l’étranger » et les « organisations indésirables » pour réprimer la liberté d’expression et réduire au silence la presse, les journalistes et les militant·e·s indépendants. Le fait de ne pas faire figurer en tête des publications concernées la mention obligatoire « agents de l’étranger » était désormais passible d’une amende.
Quatorze organes de presse et 70 personnes ont été désignés comme « agents de l’étranger ». Le média d’investigation Proekt a quant à lui été interdit en tant qu’« indésirable ». Son fondateur, Roman Badanine, classé « agent de l’étranger » un peu plus tard, et deux autres journalistes ont fait l’objet de perquisitions en juin, dans le cadre de l’enquête sur une affaire de diffamation.
La journaliste Elena Milachina a reçu des menaces de mort à peine voilées après la publication de son travail d’investigation sur les exécutions extrajudiciaires et la torture aux mains de la police tchétchène. Ces menaces n’ont pas fait l’objet d’une enquête sérieuse.
En août, une correspondante de la BBC à Moscou a été interdite de séjour en Russie sine die, au motif qu’elle représentait « une menace pour la sécurité nationale ».
En avril, quatre journalistes du magazine étudiant DOXA se sont vu imposer des restrictions de déplacement, en tant que suspects de droit commun. Ils étaient accusés d’avoir « impliqué des mineurs dans des activités dangereuses », pour une vidéo qui appelait les étudiant·e·s à ne pas céder aux menaces d’expulsion en cas de participation à des manifestations pacifiques. Leur procès s’est ouvert en décembre.
Les musicien·ne·s dissidents s’exposaient à des annulations de concerts. Un concert de la poétesse et journaliste Tatiana Voltskaïa a été annulé en octobre, parce qu’elle avait été désignée « agent de l’étranger » peu de temps auparavant.
Les blocages arbitraires et extrajudiciaires de sites Internet ont continué, tandis que le champ d’application de la législation en la matière était élargi. Plus d’une quarantaine de sites Internet associés aux actions politiques et anticorruption d’Alexeï Navalny ont été bloqués en juillet, sous prétexte qu’ils étaient utilisés « pour des activités extrémistes prohibées ».
En septembre, la cour d’arbitrage de Moscou a ordonné à Google et à Yandex de supprimer toute référence au « vote intelligent » dans les résultats de leurs moteurs de recherche. Google et Facebook ont été condamnés à plusieurs reprises à des amendes pour ne pas avoir supprimé des « contenus interdits ». Le journaliste Igor Khorochilov a été condamné à deux reprises à 10 jours de détention administrative pour « propagande d’insigne extrémiste » après avoir mentionné le « vote intelligent » sur Facebook.
Le Service fédéral de sécurité (FSB) a publié en septembre une longue liste de sujets ne relevant pas du secret d’État, allant des infractions commises au sein de l’armée aux retards dans les programmes spatiaux, dont le suivi ou la couverture faisait désormais de leur auteur·e un « agent de l’étranger ». L’ONG Mères de soldats de Saint-Pétersbourg, organisation de défense des droits des anciens combattants, a annoncé à la suite de cette publication qu’elle renonçait à travailler sur les violations des droits humains dans l’armée.
Dmitri Mouratov, rédacteur en chef du journal indépendant Novaïa Gazeta, a reçu le Prix Nobel de la paix en octobre, en reconnaissance de sa contribution à la liberté d’expression dans un environnement médiatique de plus en plus répressif. »