En soutenant la Première guerre mondiale, les directions du mouvement ouvrier ont été responsables de la disparition massive du prolétariat européen

De Wikidébats, l'encyclopédie des débats et des arguments « pour » et « contre »
Aller à la navigation Aller à la recherche
Mots-clés : Directions syndicales, Directions politiques, Mouvement ouvrier, Trahison, Première Guerre mondiale, Grande boucherie, Disparition, Prolétariat[ modifier ].

RésuméRésumé

CitationsCitations

« La guerre actuelle s'avère non seulement un gigantesque assassinat, mais aussi un suicide de la classe ouvrière européenne. Car ce sont les soldats du socialisme, les prolétaires d'Angleterre, de France, d'Allemagne, de Russie, de Belgique qui depuis des mois se massacrent les uns les autres sur l'ordre du capital, ce sont eux qui enfoncent dans leur cœur le fer meurtrier, s'enlaçant d'une étreinte mortelle, chancelant ensemble, chacun entraînant l'autre dans la tombe. »

Rosa Luxemburg, La crise de la social-démocratie, 1916.

« Il s'est produit quelque chose que ni un Bernhardi, ni aucun homme politique bourgeois n'auraient jamais osé espérer : dans le camp de la social-démocratie a retenti le mot d'ordre de « tenir bon », c'est-à-dire de continuer le carnage. Et ainsi, ces milliers de victimes qui tombent depuis des mois et dont les corps couvrent les champs de bataille, nous les avons sur la conscience. »

Rosa Luxemburg, La crise de la social-démocratie, 1916.

« Le déchaînement actuel du fauve impérialiste dans les campagnes européennes produit encore un autre résultat qui laisse le « monde civilisé » tout à fait indifférent : c'est la disparition massive du prolétariat européen. Jamais une guerre n'avait exterminé dans ces proportions des couches entières de population ; jamais, depuis un siècle, elle n'avait frappé de cette façon tous les peuples civilisés d'Europe. Dans les Vosges, dans les Ardennes, en Belgique, en Pologne, dans les Carpates, sur la Save, des millions de vies humaines sont anéanties, des milliers d'hommes sont réduits à l'état d'infirmes. Or, c'est la population ouvrière des villes et des campagnes qui constitue les neuf dixièmes de ces millions de victimes. C'est notre force, c'est notre espoir qui est fauché quotidiennement sur ces champs de bataille par rangs entiers, comme des épis tombent sous la faucille ; ce sont les forces les meilleures, les plus intelligentes, les mieux éduquées du socialisme international, les porteurs des traditions les plus sacrées, les représentants les plus audacieux, les plus héroïques du mouvement ouvrier moderne, les troupes d'avant-garde de l'ensemble du prolétariat mondial : les ouvriers d'Angleterre, de France, de Belgique, d'Allemagne, de Russie qui sont maintenant massacrés après avoir été bâillonnés. Ces ouvriers des nations capitalistes dirigeantes d'Europe sont ceux à qui incombe la mission historique d'accomplir la révolution socialiste. C'est seulement d'Europe, c'est seulement de ces pays capitalistes les plus anciens que peut venir, lorsque l'heure aura sonné, le signal de la révolution sociale qui libérera l'humanité. Seuls les ouvriers anglais, français, belges, allemands, russes et italiens peuvent ensemble prendre la tête de l'armée des exploités et des opprimés des cinq continents. Eux seuls peuvent, quand le temps sera venu, faire rendre des comptes au capitalisme pour ses crimes séculaires envers tous les peuples primitifs, pour son œuvre d'anéantissement sur l'ensemble du globe, et eux seuls peuvent exercer des représailles. Mais pour que le socialisme puisse faire sa trouée et remporter la victoire, il faut qu'existent des masses dont la puissance réside tant dans leur niveau culturel que dans leur nombre. Et ce sont ces masses précisément qui sont décimées dans cette guerre. La fleur de l'âge viril et de la jeunesse, des centaines de milliers de prolétaires dont l'éducation socialiste, en Angleterre et en France, en Belgique, en Allemagne et en Russie, était le produit d'un travail d'agitation et d'instruction d'une dizaine d'années, d'autres centaines de milliers qui demain pouvaient être acquis au socialisme – ils tombent et ils tuent misérablement sur les champs de bataille. Le fruit de dizaines d'années de sacrifices et d'efforts de plusieurs générations est anéanti en quelques semaines, les troupes d'élite du prolétariat international sont décimées. »

Rosa Luxemburg, La crise de la social-démocratie, 1916.

« La saignée de la boucherie de Juin avait paralysé le mouvement ouvrier français pour une quinzaine d'années. La saignée du carnage de la Commune l'a encore retardé de dix ans. Ce qui a lieu maintenant est un massacre massif sans précédent qui réduit de plus en plus la population ouvrière adulte de tous les pays civilisés qui font la guerre à n'être plus composée que de femmes, de vieillards et d'infirmes. C'est une saignée qui risque d'épuiser mortellement le mouvement ouvrier européen. Encore une guerre de ce genre, et les perspectives du socialisme sont enterrées sous les ruines entassées par la barbarie impérialiste. C'est beaucoup plus grave que la destruction scandaleuse de Louvain et de la cathédrale de Reims. C'est un attentat non pas à la culture bourgeoise du passé, mais à la civilisation socialiste de l'avenir, un coup mortel porté à cette force qui porte en elle l'avenir de l'humanité et qui seule peut transmettre les trésors précieux du passé à une société meilleure. Ici, le capitalisme découvre sa tête de mort, ici il trahit que son droit d'existence historique a fait son temps, que le maintien de sa domination n'est plus compatible avec le progrès de l'humanité. »

Rosa Luxemburg, La crise de la social-démocratie, 1916.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

Arguments contreObjections