En fait Soljenytsine parlait à tort et à travers de 60 millions de morts
Résumé
Citations
« Il faut rappeler que dans la première édition de l’Archipel Goulag ce célèbre passage statistique restait assez vague : « D’après les calculs du démographe émigré Kourganov, entre la révolution d’Octobre et 1959 la répression aurait fait… 66 millions de victimes. Bien sûr, nous ne garantissons pas ce chiffre, mais nous n’avons aucun chiffre officiel. Dès qu’il y en aura un, les spécialistes pourront faire une comparaison critique », et il juge nécessaire de préciser : « De 1917 à 1959, sans compter les pertes militaires mais seulement l’extermination terroriste, la répression, la famine, la surmortalité dans les camps et en incluant le déficit des naissances, 66,7 millions (sans ce déficit 55 millions). » 66 millions ! 55 millions ! Comment ne pas rester sans voix ? On connaît cette loi de la psychologie des masses : l’important n’est pas ce qui est dit, mais qui le dit. Si ces calculs, avec toutes leurs réserves, avaient été ceux d’un instituteur de Riazan ou d’un fermier de l’Iowa, si l’Archipel Goulag avait été signé Kourganov, on aurait parlé au minimum de charlatanisme : personne n’aurait jamais cru qu’un pays de 235 millions d’habitants (données de 1967), après avoir perdu le quart de sa population du fait de la terreur, aurait pu vaincre le fascisme dans une guerre qui a fait 27 millions de morts ! Mais ces chiffres étaient proclamés non par un instituteur, un fermier ou Kourganov, mais par Soljenitsyne en personne, lauréat du prix Nobel. »
« A ce propos, on peut rappeler la fameuse intervention de l’écrivain à la télévision espagnole en 1976. S’appuyant sur le même Kourganov qui, on ne sait comment, évaluait les pertes de l’URSS pendant la Seconde Guerre mondiale à 44 millions, Soljenitsyne avait déclaré : « Et donc, en tout, nous avons perdu à cause du système socialiste 110 millions d’hommes ! » (7). Difficile de commenter de telle absurdités ! C’est pourquoi le texte russe du discours espagnol n’est suivi d’aucun commentaire. On peut s’imaginer qu’avec l’indulgence coutumière pour l’écrivain, on s’est dit : « Rien de grave, Alexandre Issaevitch s’emballe parfois... » »