Autoévaluation : Faut-il débattre avec l'ennemi ?
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Débattre avec ses ennemis est une obligation éthique, inverse de la discrimination
Débattre avec ses ennemis, c'est les introduire dans le cercle de la raison, les considérer comme des personnes égales à nous, qui méritent d'être écoutées. C'est le contraire des mécanismes d'exclusion et de la discrimination de l'autre. C'est reconnaître l'Autre dans toutes ses différences, y compris celles qui peuvent me blesser ou me mettre à l'épreuve. Le débat avec ses ennemis implique l'éthique de la discussion : toute discussion d'égal à égal est la mise en pratique d'un système de valeurs reconnaissant la dignité de toute personne humaine. Le débat n'est pas neutre éthiquement, il est déjà un acte, et un acte qui implique un certain nombre de valeurs comme l'égalité.
« Pour polémiquer avec quelqu’un, il faut au minimum un langage commun et un espace commun dans lequel échanger. Le conflit n’est donc pas incompatible avec le « commun », au contraire. Le plus rigoureux est même de dire que c’est le conflit qui instaure le commun. Pourquoi irais-je reprocher quoi que ce soit à quelqu’un que je ne connais pas, avec lequel je ne ressens aucune communauté, dont l’existence, les croyances et les espoirs m’indiffèrent parfaitement ? C’est justement en m’opposant à un adversaire que je crée un lien avec lui. La nature particulière du conflit politique est donc de créer, à l’insu des acteurs, un espace public dans lequel l’opposition des points de vue prend un sens »
Marc-Olivier Padis, Marcel Gauchet, la genèse de la démocratie, p.40-41, Michalon, 1996.
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