Pour cause de divergence sur l'analyse de la révolution soviétique Albert Mathiez a très vite quitté le parti communiste français
Résumé
Citations
« Albert Mathiez, le grand historien de la Révolution française, n’a pas été reconnu, y compris dans la Société des études robespierristes qu’il fonda en 1907, comme l’un des premiers critiques lucides - et de gauche - de la Révolution bolchevik. Son bref passage au Parti communiste de 1920 à 1922, témoigne de son refus de dissocier socialisme et démocratie. En 1930, il devint une cible de l’historiographie stalinienne, qui condamna l’historien Mathiez, mais aussi « le jacobinisme » comme des adversaires de la « révolution prolétarienne ». Dans sa défense menée de 1930 jusqu’à sa mort en 1932, Mathiez jeta les pierres précieuses d’une critique lucide du phénomène stalinien à sa naissance. »
« Ma méthode, écrit Mathiez en 1928, [.] consiste toujours à présenter au lecteur un récit aussi complet que possible, fondé sur les documents les plus authentiques, préalablement interprétés et critiqués dans un esprit rigoureusement scientifique. Je n’écris pas pour catéchiser, pour recruter des adhérents à tel ou tel parti, mais pour instruire et renseigner. Je croirais déchoir à mes propres yeux si je me préoccupais, quand je prends la plume, du parti que tireront de mes écrits les politiques du jour, en France et à l’étranger. Que ces hommes d’action, rouge, noire ou blanche s’efforcent d’exploiter mes livres au profit de leur cause, avec plus ou moins de bonne foi, c’est un ennui que je dois supporter avec calme. Ni leurs éloges, ni leurs injures ne me feront dévier de ma route. Si l’histoire est la politique du passé, ce n’est pas une raison, au contraire, pour qu’elle devienne l’humble servante de la politique ou plutôt des politiques du présent. Elle n’a de raison d’être que si elle dit en toute indépendance ce qu’elle croit être la vérité. Tant pis pour ceux que cette vérité blesse ! Ou plutôt tant mieux, car c’est peut-être une des conditions du progrès. »