Pendant la Première guerre mondiale, les directions du mouvement ouvrier ont mené une politique d'Union sacrée et de suspension de la lutte des classes dans la plupart des pays belligérants

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Mots-clés : Directions syndicales, Directions politiques, Mouvement ouvrier, Trahison, Première Guerre mondiale, Union sacrée, Lutte des classes[ modifier ].

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« L'autre aspect de l'attitude de la social-démocratie était l'acceptation officielle de l'Union sacrée, c'est-à-dire la suspension de la lutte de classes pour la durée de la guerre. La déclaration du groupe [du Parti ouvrier social-démocrate allemand] lue au Reichstag le 4 août fut même le premier acte de cet abandon de la lutte de classes : le texte était d'accord à l'avance avec les députés du gouvernement et des partis bourgeois, l'acte solennel du 4 août était un numéro patriotique préparé en coulisse qui était destiné au peuple et à l'étranger, et dans lequel la social-démocratie jouait déjà à côté des autres participants le rôle qu'elle avait adopté. »

Rosa Luxemburg, La crise de la social-démocratie, 1916.

« Le vote des crédits par le groupe parlementaire montra l'exemple à toutes les instances dirigeantes du mouvement ouvrier. Les chefs syndicaux firent aussitôt cesser toutes les luttes de salaires et ils communiquèrent officiellement leur position aux entrepreneurs en invoquant les devoirs de l'Union sacrée. La lutte contre l'exploitation capitaliste fut spontanément interrompue pour toute la durée de la guerre. Ces mêmes chefs syndicaux prirent l'initiative de fournir aux agriculteurs de la main-d’œuvre des villes, de manière que la rentrée des récoltes ne soit pas interrompue. La direction du mouvement des femmes socialistes proclama l'union avec les femmes de la bourgeoisie et forma avec elles un « service national des femmes » de sorte que la part la plus importante des effectifs du parti restée au pays après la mobilisation ne s'occupait pas de faire de l'agitation sociale-démocrate, mais était enrôlée dans des bonnes oeuvres d'intérêt national : distribuer de la soupe, donner des conseils, etc. Sous la loi des socialistes, le parti avait le plus souvent utilisé les élections parlementaires pour propager ses idées et affirmer sa position en dépit de tous les états de siège et des persécutions dont était l'objet la presse social-démocrate. Maintenant, au cours des secondes élections parlementaires pour le Reichstag, les diètes locales et les représentations communales, la social-démocratie renonça officiellement à toute lutte électorale, c'est-à-dire à toute agitation et à toute discussion idéologique dans le sens de la lutte de classe prolétarienne, et réduisit les élections à leur simple contenu bourgeois : amasser le plus de mandats possible, sur lesquels elle se mettait d'accord à l'amiable avec les partis bourgeois. Le vote du budget par les députés sociaux-démocrates dans les diètes locales et dans les représentations communales – à l'exception de la diète prussienne et de la diète d'Alsace-Lorraine –, accompagné d'un appel solennel à l'Union sacrée, souligna la rupture brutale avec la pratique d'avant le début de la guerre. La presse sociale-démocrate, à quelques rares exceptions près, exaltait tout haut le principe de l'unité nationale dans l'intérêt vital du peuple allemand. Au moment de la déclaration de guerre, elle mit même ses lecteurs en garde contre les retraits des sommes déposées dans les caisses d'épargne ; par là, elle contribua grandement à empêcher des troubles dans la vie économique du pays et elle permit aux fonds des caisses d'épargne de servir aux emprunts de guerre de façon notable ; elle conseillait les femmes prolétariennes de ne pas informer leurs maris envoyés au front de la misère où elles se trouvaient ainsi que leurs enfants, et de ne pas les mettre au courant de l'insuffisance des approvisionnements fournis par l'État, mais leur suggérait plutôt de « produire un effet apaisant et exaltant » sur les combattants en leur dépeignant les charmes du bonheur familial et « en leur décrivant avec bienveillance l'aide dont elles avaient bénéficié jusqu'ici ». »

Rosa Luxemburg, La crise de la social-démocratie, 1916.

« Dans le numéro 8 (du 27 novembre 1914), la revue Neue Zeit écrit dans un article intitulé « Les limites de l'Internationale » :

« La guerre mondiale divise les socialistes en camps différents et essentiellement en différents camps nationaux. L'Internationale est incapable d'empêcher cela, c'est-à-dire qu'elle n'est pas un instrument efficace en temps de guerre ; l'Internationale est essentiellement un instrument valable en temps de paix. »

Sa grande « mission historique » serait « la lutte pour la paix, la lutte de classes en temps de paix ». Ainsi donc, la social-démocratie déclare qu'à la date du 4 août 1914, et jusqu'à la conclusion future de la paix, la lutte de classes n'existe plus. Ainsi, dès qu'a tonné en Belgique le premier coup des canons de Krupp, l'Allemagne s'est métamorphosée en un pays de cocagne, le pays de la solidarité des classes et des harmonies sociales. »

Rosa Luxemburg, La crise de la social-démocratie, 1916.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

Arguments contreObjections