Lors de la guerre de Sécession, les révolutionnaires américains des États du Sud ont fait usage de la répression contre leurs adversaires pour préserver la révolution

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Mots-clés : Terreur, Répression, Révolution, Guerre de Sécession, États-Unis[ modifier ].

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« Tournons-nous vers la révolution qui s’est produite dans la deuxième moitié du XIXe siècle, aux États-Unis, pays de la « démocratie ». Bien qu’il se fût agi non de l’abolition de la propriété privée, mais de l’abolition de la traite des noirs, les institutions de la démocratie n’en avaient pas moins été tout à fait incapables de résoudre le conflit par la voie pacifique. Les États du Sud, battus aux élections présidentielles de 1860, avaient décidé de recouvrer, à n’importe quel prix, l’influence qu’ils avaient jusqu’alors exercée pour le maintien de l’esclavage des noirs et, tout en prononçant, comme il est d’usage, des discours grandiloquents sur la liberté et l’indépendance, ils s’engageaient dans la vole qui conduisait à la révolte des propriétaires-esclavagistes. Toutes les conséquences ultérieures de la guerre civile devaient en résulter inévitablement. Dès le début de la lutte, le gouvernement militaire de Baltimore enfermait, malgré l’« habeas corpus », au fort Mac-Henry, plusieurs partisans esclavagistes. La question de la légalité ou de l’illégalité de ces actes faisait l’objet d’une chaude discussion entre les « principaux notables » de l’endroit. Le juge suprême Teiney déclara que le président de la République n’avait ni le droit de suspendre l’action de l’« habeas corpus », ni celui de conférer de semblables pouvoirs aux autorités militaires. « Telle est, selon toute probabilité, la solution normale de cette question, dit un des premiers historiens de la guerre américaine. Mais la situation était si critique, et la nécessite de prendre des mesures radicales à l’égard de la population de Baltimore si impérieuse, que le gouvernement et le peuple des États-Unis réclamaient les mesures les plus énergiques ». (Histoire de la guerre américaine, par Fletcher, lieutenant-colonel des fusiliers écossais de la garde, traduit de l’anglais, Saint-Pétersbourg, 1867, p. 95). »

Léon Trotsky, Terrorisme et communisme, 1920.

« Les quelques objets dont le Sud révolutionnaire avait besoin lui étaient fournis secrètement par les commerçants du Nord. Dans ces conditions, il ne restait plus aux habitants du Nord qu’à recourir aux répressions. Le 6 août 1861, un billet du Congrès sur la confiscation de la propriété privée employée à des fins insurrectionnelles fut ratifié par le Président. Le peuple, représenté par les éléments les plus démocratiques, était enclin aux mesures extrêmes ; le parti républicain avait au Nord une majorité décisive et tous ceux qui étaient suspectés de sécessionnisme, c’est-à-dire de favoriser les États dissidents du Sud, étaient l’objet de violences. Dans quelques villes du Nord et même dans les États de la Nouvelle-Angleterre, qui se glorifiaient de leur bon ordre la population saccagea à diverses reprises les locaux de journaux qui soutenaient les esclavagistes insurgés et brisa leurs presses. Il n’était pas rare de voir les éditeurs révolutionnaires enduits de goudron, roulés dans des plumes et promenés par les rues dans cet accoutrement jusqu’au moment où ils consentaient à jurer fidélité à l’Union. La personnalité d’un planteur enduit de goudron n’avait plus rien de commun avec la « chose en soi» et, de ce chef, l’impératif catégorique de Kant a subi, au cours de la guerre civile américaine, plus d’un échec. Mais ce n’est pas tout. « Le gouvernement, de son côté, nous raconte le même historien, eut recours à diverses mesures de répression contre les publications qui n’adoptaient pas son point de vue. Et la presse américaine, qui avait jusqu’alors bénéficié de la plus grande liberté, se trouva très rapidement dans une posture tout aussi fâcheuse que celle des monarchies absolues de l’Europe. La liberté de la parole eut le même sort. Ainsi, continue le lieutenant-colonel Fletcher, le peuple américain se vit priver au même instant de la plupart de ses libertés. Il est à remarquer – ajoute-t-il en moraliste – que la majorité de la population était tellement absorbée par la guerre et si profondément disposée à consentir à tous les sacrifices pour atteindre son but que, loin de regretter la perte de ses libertés, elle semblait ne pas s’en apercevoir. (Fletcher, Histoire de la guerre américaine, pp. 162-164). »

Léon Trotsky, Terrorisme et communisme, 1920.

« Les sanguinaires esclavagistes du Sud et leur valetaille déchaînée agirent avec une fureur beaucoup plus grande. « Partout, raconte le comte de Paris, où se formait une majorité en faveur des propriétaires-esclavagistes, l’opinion publique devenait terriblement despotique à l’égard de la minorité. Tous ceux qui regrettaient le drapeau national étaient contraints au silence. Mais cela parut bien insuffisant. Comme il arrive dans toutes les révolutions, on contraignit les indifférents à exprimer leur attachement à la nouvelle cause. Ceux qui s’y refusaient étaient donnés en pâture à la haine et à la violence de la populace… Dans tous les centres de la civilisation naissante (États du Sud-Ouest) se constituèrent des comités de vigilance composés de tous ceux qui s’étaient signalés par leur extrémisme au cours de la lutte électorale… Le cabaret était le lieu ordinaire de réunions et l’orgie s’y mêlait à une misérable parodie des formes souveraines de la justice. Quelques énergumènes siégeant autour d’un comptoir sur lequel coulaient le jam et le whisky, jugeaient leurs concitoyens présents et absents. L’accusé, avant même d’être questionné, voyait déjà préparer la corde fatale. Et celui qui ne comparaissait pas devant le tribunal apprenait sa condamnation en tombant sous la balle du bourreau tapi dans les broussailles de la forêt… » »

Léon Trotsky, Terrorisme et communisme, 1920.

RéférencesRéférences

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