Le massacre de la famille impériale n'a jamais existé, comme l'ont montré depuis les années 1980 Marina Grey, fille du général Denikine et Marc Ferro

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Argument contreCet argument est une objection à Lénine a fait massacrer la famille impériale.
Mots-clés : aucun[ modifier ].

RésuméRésumé

Archives et témoignages à l'appui, le massacre de la famille de Nicolas II -seule victime incontestée des Bolcheviks- dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, dont aucun corps n'a été retrouvé par les nouveaux occupants à Ekaterinbourg, a été solidement contesté par une poignée d'historiens, dont en 1987 la fille du général Denikine, Marina Grey. Ce à partir d'une enquête pionnière de deux journalistes britannique, Anthony Summers et Tom Mangold, parue en France en 1980 sous le titre "Le Dossier Romanov." Ont suivi la voie documentée de Marina Grey, dès 1990 les historiens Marc Ferro, Michel Wartelle, Elie Durel, Marie Stravlo (laquelle découvrit et édita en 2012 les mémoires d'Olga N. fille ainée de Nicolas II, écrites en 1957). Les accusations formulées par Stephane Courtois contre Lénine ne reposent à l'inverse sur aucune source archivée et tournent le dos aux aspirations du personnage à la révolution mondiale qui l'amenaient à demander en échange aux Allemands la libération de spartakistes. Plusieurs points doivent être précisés : la Terreur Rouge n'était pas encore à l'ordre du jour (fin août début septembre 1918) ; comme le reconnaît Nicolas Werth en 1997 dans le livre Noir du communisme p. 112 mais sans référence à l'affaire des Romanov, les décrets sur la frappe d' otages au sein des familles d'officiers tsaristes ne seront votés par Trotsky qu'en 1919 ; c'étaient à l'été 1918 les SR de gauche en guerre contre les Bolcheviks, qui, par haine de l'Allemagne impériale, en voulaient à la vie de la famille germanique de Nicolas Romanov, au moins à celle de la tsarine. Par ailleurs d'après Marc Ferro l'allégation d'un massacre collectif de toute la famille et de sa suite dans la maison d'Ipatief commandé par Jacob Iourovsky arriva vers 1920 et fut précédée pendant une année au moins d'une accusation de cette tuerie collective à la prison d'Ekaterinbourg où ces détenus ne furent pourtant jamais internés ; ce sur témoignage du prince L'vov, qui ne séjourna jamais dans cette maison bourgeoise d'Ipatiev dépourvue de toute cellule de prison.

CitationsCitations

« Les leçons d'Histoire russe que mon père, le général Denikine, s'astreignit à donner à sa fille commencèrent par l'épopée de Varègues et de Riourik, le premier des fondateurs de l'empire russe au IXème siècle, et se terminèrent au XXè, par la guerre civile et l'assassinat à Ekaterinbourg de Nicolas II et de sa famille (... ) Je vis pour la première fois la reproduction d'un tableau réaliste et macabre représentant les victimes du "massacre collectif" chez le général Koutiepov. J'avais dix ans. Impressionnée, je questionnai mon père : alors ils son tous morts comme ça ? Et pourquoi les femmes sont-elles à moitié nues. ? Mon père me confirma la tragédie en précisant que le peintre s'était bien inspiré de certains témoignages, il avait ajouté des détails de son cru et qu'il n'y avait aucune raison de supposer que les bustes de la tsarine et de ses filles eussent été dénudées. Le temps passant, les rois de France prirent dans mes préoccupations le pas sur les tsars de Russie.

 »

Marina Grey, Enquête sur le massacre des Romanov, p.9-10, avant-propos, Perrin, Paris, 1987.

« Un jour, le livre que le juge Sokolov avait consacré à son instruction sur le meutre de la famille Romanov à Ekaterinbourg me tomba sous la main. Je le lus attentivement et y découvris beaucoup d'invraisemblances, me rendis compte que depuis l'âge de dix ans, depuis la contemplation du tableau fantaisiste de la tsarine et des grandes-duchesses aux seins nus, je doutais de la réalité de cette tuerie. Je publiai un article dans une revue, mais faute de documents nouveaux mes doutes restaient trop vagues pour être consignés dans un ouvrage. »

Marina Grey, Enquête sur le massacre des Romanov, p.11, avant-propos, Perrin, Paris, 1987.

« La parution chez Albin Michel, en 1980, du Dossier Romanov, oeuvre de deux Britanniques, réveilla ma curiosité latente. Anthony Summers et Tom Mangold avaient, en effet, utilisé une partie des documents jusque-là inédits, dont les rapports et les témoignages rassemblés par le juge Sokolov au lendemain de la tragédie d'Ekaterinbourg. Les auteurs précisaient que la totalité de ce dossier était conservée aux Etats-Unis, à la Houghton Library de l'université Harvard, proche de Boston (...) »

Marina Grey, Enquête sur le massacre des Romanov, p.11, avant-propos, Perrin, Paris, 1987.

« L'étude minutieuse des innombrables documents russes, des photographies, des rapports d'agents enquêteurs, des témoignages souvent contradictoires rassemblés par le juge Sokolov et dont il n'avait utilisé que ceux qui corroboraient sa thèse d'un massacre collectif, rendirent mes vieux doutes si consistants que je me sentis suffisamment armée pour écrire cette Enquête sur le massacre des Romanov. »

Marina Grey, Enquête sur le massacre des Romanov, p.12, Avant-Propos, Perrin, Paris, 1987.

« Sur l'assassinat lui-même, la pièce maîtresse a été pendant longtemps l'enquête publiée par N. Sokolov, un des juges chargé, en 1919, de l'instruction lorsque les blancs ont découvert le forfait et intitulée : Enquête judiciaire sur l'assassinat de la famille judiciaire russe (Editions Payot, 1924) (...) Telle était encore la situation en 1975 lorsque deux journalistes de la BBC, Summers et Mangold, réussirent à mettre la main sur le dossier complet de l'instruction- celui-là même d'où Sokolov avait tiré son ouvrage. En examinant les données, ils ont montré que L'Enquête. (...) avait systématiquement éliminé les documents qui pouvaient éliminer la thèse de la survie des filles du tsar, et de sa femme (...) On peut mieux en juger maintenant que le dossier presque complet de l'Instruction a été publié par Nicolaï Ross en Allemagne sous le titre Guibel Tsarkoi Semi (Editions Posev 1987.L'assassinat de la famille impériale). En "volume", l'enquête publiée par Sokolov correspond environ au dixième du dossier publié par N. Ross, ce qui donne la mesure de l'intérêt de cette dernière publication, faite avec un grand soin. »

Marc Ferro, Nicolas II, p.288 et 289, chapitre IV Une mort énigmatique, Payot, Paris, 1990.

« La bombe qui aurait pu éclater en 1976 est l'enquête faite par deux journalistes anglais, Summers et Mangold : ils avaient appris que le dossier d'enquête à partir duquel Sokolov avait établi son rapport avait existé en trois exemplaires et ils en ont retrouvé un. Or ces documents étaient bien plus importants en masse que ceux que Sokolov avaient publiés. Surtout Summers et Mangold ont découvert qu'avaient été soustraits de la publication tous les textes et témoignages qui auraient pu attester que les filles de la famille impériale n'avaient pas été exécutées. Mais la bombe n'a pas explosé parce qu'à l'heure de la guerre froide, ces informations semblaient appartenir à la rubrique des faits divers, et l'enquête de Summers et Mangold fut jugée sans intérêt par les historiens "sérieux". »

Marc Ferro, « La deuxième mort de Nicolas II », Les tabous de l'histoire, p.67, Pocket, Paris, 2005 (2002).

« The file on the tsar ( le dossier Romanov), l'ouvrage de deux journalistes de la BBC, Anthony Summers et Tom Mangold inconnus au bataillon des citoyens brevetés, ouvrit en 1976 une piste pleine de promesses pour répondre aux questions posées. Après une quête et enquête de plusieurs années, les deux hommes découvrirent l'existence du dossier complet de l'instruction concernant la fin des Romanov, celui-là même d'où Sokolov, chargé d'enquêter pour les Blancs, avait tiré son ouvrage : ils constatèrent que dans son Enquête publiée en 1924, Sokolov avait systématiquement éliminé toutes les pièces qui pouvaient témoigner de la survie des filles du tsar et de l'impératrice. »

Marc Ferro, La vérité sur la tragédie des Romanov, p.117-118, chapitre 6, Morts ou rescapés ?, Tallandier, Paris, 2012.

« En 1971, quand nous avons commencé à travailler sur l'affaire pour un documentaire de la B.B.C. nous avons essayé d'y appliquer les méthodes d'investigation modernes, bien que nous dussions nous tenir constamment sur la frontière qui sépare l'histoire poussiéreuse du journalisme vivant […] Peu à peu d'anciennes pièces à conviction une fois soumises à une analyse plus rigoureuse se sont avérées sujettes à caution. Les seuls restes identifiables jamais découverts, ceux d'un petit chien de la famille impériale, semblaient maintenant avoir été déposés sur les lieux après coup. Un télégramme d'une importance vitale avait toutes les apparences d'un faux. Cependant bien que la version du massacre ait été sèrieusement remise en question, nos découvertes ne nous ont guère avancés quant au sort qui fut réellement réservé aux Romanov. »

Anthony Summers, Tom Mangold, Le dossier Romanov, p.6, préface, Albin Michel, Paris, 1980.

« Ce n'est que beaucoup plus tard que nous mîmes la main sur un document que nous cherchions depuis le début mais que nous désespérions de jamais trouver : le dossier original des enquêteurs russes blancs, dont les conclusions, publiées dans les années 1920, avaient fourni à l'histoire la version du massacre. […] Ce que nous avons déniché, concernant l'affaire Romanov, c'est sept volumes de témoignages, de rapports de police et de dépositions faites sous serment. Tout cela (en russe) avait, pendant des décennies, été perdu pour les chercheurs. Il nous apparut immédiatement que de grandes quantités d'indices et de preuves avaient été délibérément écartées. Le dossier montrait à l'évidence - et prouvait beaucoup mieux que n'est prouvée la version du massacre officiel - que la plupart des membres de la famille Romanov étaient encore vivants des mois après qu'on les avait dits morts. »

Anthony Summers, Tom Mangold, Le dossier Romanov, p.6-7, préface, Paris, 1980.

« Cette hypothèse (du non-massacre des Romanov) fut de nouveau confirmée grâce à une source longtemps tenue secrète […] : En 1936, à l'université californienne de Stanford un inconnu […] portait un sac de toile noire, fermé par des coutures serrées. et demandaà un archiviste stupéfait sil pouviat faire don à l'Institution du contenu de son sac à condition que celui-ci resta scellé et ne fut pas ouvert avant le 1er janvier 1950.Puis il s'en alla rapidement et ne reparut jamais. […] et le sac resta là jusqu'en 1960. Lorsqu'on l'ouvrit alors, on vit qu'il contenait une quantité de documents dont beaoucup étaient écrits en caractères cyriliques très anciens mais qui tous concernaient la disparition des Romanov […]. Jusqu'au jour où nous tombâmes dessus personne ne semblait les avoir examinés. C'étaient les dossiers de NIkandre Mirolioubov , professeur russe de criminologie qui avait été procureur à Kazan, ville dont dépendait l'administration de la région d'Ekaterinbourg. Ce magistrat tenait à jour une dossier de surveillance judiciaire sur l'enquête Romanov : il avait le droit de colliger les dépositions et de contrôler les dépenses. »

Anthony Summers, Tom Mangold, Le dossier Romanov, p.51-52, préface, Albin Michel, Paris, 1980.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

  • Argument pourLa tsarine et ses quatre filles ont été vues à Perm entre septembre et décembre 1918
  • Argument pourIl était dans l'intérêt de Lénine de minimiser la mort du tsar et de taire la survie bien réelle des cinq femmes Romanov
  • Argument pourIl était peut-être dans l'intérêt en Angleterre de croire en la mort de la tsarine
  • Argument pourEn 1920 le commandant Lasies exprimait son scepticisme à propos du massacre de la maison d'Ipatiev
  • Argument pourPuis en 1972 le grand légiste britannique Francis Camps
  • Argument pourDes négociations entre le gouvernement soviétique et les diplomaties occidentales ont existé entre la fin juillet et la mi-octobre 1918 pour la libération de l'ex-tsarine et de ses quatre filles

Arguments contreObjections

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