La brutalité de la pensée de Lénine est un héritage de la société tsariste

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Débat parentCet argument est utilisé dans le débat Lénine est-il le précurseur de Staline ?.
Mots-clés : Léninisme, Révolution russe, URSS, Terreur, Bolchévisme, Totalitarisme, Première Guerre mondiale, Tsarisme[ modifier ].

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« Dans un article publié en 2001, j’avais insisté sur le fait que la guerre de 1914-1918 avait « brutalisé » la pensée de Lénine, en semblant légitimer la violence et la terreur que celui-ci mit en œuvre à partir de 1917. Or, comme Dominique Colas l’a souligné en réponse, la « brutalisation » initiale de la pensée de Lénine était bien antérieure. Elle renvoyait à la fois à l’idéologie léniniste et à la réalité de la violence sociale et politique dans la Russie tsariste. […] Quant à la violence politique dans l’empire tsariste, elle atteignit en 1905-1906 une acmé qui ne fut dépassée qu’à partir de l’automne 1917. Déjà, entre 1900 et 1903, la Russie avait enregistré plusieurs milliers d’assassinats politiques contre des représentants du pouvoir, y compris le ministre de l’Instruction publique en 1901 et celui de l’Intérieur en 1902, puis à nouveau en 1904. En décembre 1905, une tentative insurrectionnelle à Moscou entraîna la mort de 670 personnes. De 1906 à 1908, on compte plus de 26 000 attentats et plus de 6000 assassinats politiques, dont plus de 2440 fonctionnaires, avec en point d’orgue l’assassinat du Premier Ministre, Stolypine, en 1911. De son côté, le pouvoir réagit en multipliant les condamnations à mort pour motif politique – 3682 en 1908-1909 –, même si toutes ne furent pas exécutées. Il est clair que si la guerre de 1914-1918 a pesé sur la pensée de Lénine, ce n’est pas à titre de légitimation fondatrice de l’usage de la violence, mais comme simple justification propagandiste, Lénine développant le syllogisme de la guerre « impérialiste » qui justifie la guerre de classe. La récente biographie de Staline dans le Caucase avant 1917 souligne cette articulation puissante entre idéologie de guerre de classe, violence sociale endémique, grande délinquance et violence révolutionnaire. »

Stéphane Courtois, « Guerre et totalitarisme », Communisme et totalitarisme, Perrin, Paris, 2009.

RéférencesRéférences

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