C'est en 1919 et non en 1918 que les Bolcheviks mènent la guerre dans le Don et le Kouban contre les Cosaques
Résumé
Citations
« Ce n’est qu’en février 1919, lors de l’avance générale des bolcheviks vers l’Ukraine et le sud de la Russie, que les premiers détachements de l’Armée rouge pénétrèrent dans les territoires cosaques du Don. D’emblée, les bolcheviks prirent un certain nombre de mesures qui annihilaient tout ce qui constituait la spécificité cosaque : les terres appartenant aux Cosaques furent confisquées et redistribuées à des colons russes ou aux paysans locaux qui n’avaient pas le statut cosaque ; les Cosaques furent sommés, sous peine de mort, de rendre leurs armes or, de par leur statut traditionnel de gardiens des confins de l’Empire russe, tous les Cosaques étaient armés ; les assemblées et les circonscriptions administratives cosaques furent dissoutes. Toutes ces mesures faisaient partie d’un plan préétabli de décosaquisation ainsi défini dans une résolution secrète du Comité central du Parti bolchevique, datée du 24 janvier 1919 : « Au vu de l’expérience de la guerre civile contre les Cosaques, il est nécessaire de reconnaître comme seule mesure politiquement correcte une lutte sans merci, une terreur massive contre les riches Cosaques, qui devront être exterminés et physiquement liquidés jusqu’au dernier. »
« LA DECOSAQUISATION" : 1ERE PHASE (FEVRIER_MARS 1919) ET 2 eme PHASE (2ème SEMESTRE 1920)
La « décosaquisation » - c’est à dire l’élimination des Cosaques du Don et du Kouban en tant que groupe social- occupe une place particulière dans le projet et les pratiques révolutionnaires bolcheviques. Pour la première fois, en effet, le nouveau régime prit un certain nombre de mesures radicales pour anéantir, par des massacres et des déportations, suivant le principe de la responsabilité collective, toute la population d’un territoire que les dirigeants bolcheviques appelaient la « Vendée soviétique ». La « décosaquisation » ne fut pas le résultat de mesures de rétorsion militaire prises dans le feu des combats, mais d’une décision politique, prise par la direction du parti bolchevique. Mise en échec au printemps 1919, à cause des revers militaires des bolcheviks, la « décosaquisation » reprit, en 1920, lors de la reconquête bolchevique des terres cosaques du Don et du Kouban.24 janvier 1919 : Résolution secrète du Comité central du parti bolchevique appelant à « une terreur massive contre les riches Cosaques, qui devront être exterminés et physiquement liquidés jusqu’au dernier.
Février-mars 1919 : Massacres massifs « d’otages Cosaques » par les troupes régulières de l’Armée rouge lors de leur avancée dans la région du Don. En quelques semaines, 8 000 Cosaques exécutés… (Sources : Victor Brovkin, Behind the Front Lines of the Civil War: Political Parties and Social Movements in Russia, 1918-1922, 1994 p.103-105 ; V.L.Genis, « Raskazacivanie v Sovetskoï Rossii », Voprosy Istorii, 1994/1, p. 42-55 ; P. Holquist, « Conduct merciless mass terror » Decossackization on the Don, 1919 », Cahiers du Monde russe, vol.38, ½, janvier-juin 1997, p. 127-162 ).
À partir de juin 1920, Karl Lander, un des dirigeants de la Tchéka, est nommé « plénipotentiaire du Kouban et du Don ». Il met en place des troïki, tribunaux d’exception chargés de la « décosaquisation ». Plusieurs milliers de Cosaques condamnés à mort par les troïki . Pratique généralisée du système des « otages » (membres des familles des Cosaques déclarés hors-la-loi), enfermés, sur simple mesure administrative, dans des camps de concentration, le plus grand étant celui de Maïkop. (Sources :V.Brovkin, Behind the Front Lines of the Civil War: Political Parties and Social Movements in Russia, 1918-1922, 1994 p. 128-129 ). »